Il est difficile de circuler ces derniers jours au centre ville de Kisangani sans rencontrer des enfants ou des femmes allaitantes transportant leurs bébés au dos, demandant de l’aumône aux passants.
Ces enfants en âge scolaire et mères de famille sont des déplacés internes ayant fui les atrocités de conflit Mbole-Lengola.
Hébergés dans de camps de déplacés depuis leur arrivée à Kisangani au début de l’année 2023; ces déplacés qui vivaient de l’aide ponctuelle du gouvernement provincial et de ses partenaires au développement et surtout de l’assistance des personnes de bonne volonté, sont depuis un certain temps abandonnés à leur triste sort.
Pour leur survie, ces déplacés dont certains ont à peine 5 ans, ont choisi la rue pour mendier avec tous les risques possibles soit de connaître un accident de circulation ou soit pour les filles mineures d’etre violées.
Le plus souvent, ils rôdent tout autour des tables de changeur des monnaies( cambistes), tendant la main à toute personne qui vient changer la monnaie ou autre passant.
Ils sont aussi visibles aux alentours du marché central ou encore sont employés dans de restaurant de fortune, vivant des restes laissés par les clients.
Ces enfants dont la misère se lit sur le visage, déclarent être orphelins d’un ou de deux parents, sont sous la tutelle de leurs grands parents ou d’un proche de la famille.
En plus de ces conditions misérables qu’ils traversent, leur avenir aussi est entrain d’être sacrifié. Ils ont déjà perdu deux années scolaires successives.
Par influence du milieu qui est la rue sur leur éducation, un milieu reconnu comme dangereux, nombre de ces enfants risquent de ne plus retourner en famille et par conséquent devenir demain enfant de la rue ou Kuluna.
Les mères de familles, par contre, sont plus visibles dans la cité où elles sillonnent des avenues demandant également de l’aide.
La présence de ces déplacés dans les rues du centre ville de Kisangani ne constitue nullement une préoccupation des autorités locales ni de ses partenaires au développement.
Pour certains observateurs, la solution serait de faire retourner ces déplacés dans leurs villages respectifs.
Un retour conditionné notamment par le retour de la paix et de la sécurité dans ces villages mais aussi la cohabitation pacifique entre les deux communautés en conflit, bref, la résolution pacifique de ce conflit.
Une action proposée et sollicitée par les forces vives de la ville de Kisangani au gouvernement au lendemain du déclenchement de ce conflit.
Ces forces vives demandaient la tenue d’une table ronde devant réunir les différentes parties prenantes au conflit
Finalement, plus d’une année après, les ministères de l’intérieur et de la défense nationale du gouvernement central viennent de donner leur accord de principe pour la tenue de cette table ronde sans pour autant donner des précisions sur la date.
Laurent Kangisa.